Dans son dernier communiqué intitulé “Il y a quinze ans, le massacre de Gatumba reste impuni” le Forum pour la Mémoire Vigilante, FMV, se dit préoccupé par le culte d’impunité qui caractérise encore le dossier du massacre des Banyamulenge à Gatumba, au Burundi, en 2004.
Cette Organisation Non Gouvernementale Nationale, dont la mission principale est l’éducation sur le génocide et assistance des rescapés et victimes du genocide, estime que les auteurs devraient être arrêtés et punis conformément à la loi.
Le FMV rappelle que c’était il y a quinze ans, quand un camp de réfugiés congolais Banyamulenge a été attaqué au Burundi dans la nuit du 12-13 Aout 2004, à Gatumba, non loin de la frontière Burundo-congolaise. “Cette attaque était d’une violence inouïe : 166 morts et 116 blessés” souligne dans ce document, Mr Ferdinand Ndayiragije, représentant légal du FMV.
Selon plusieurs témoignages, la plupart étaient couchés quand des assaillants venus du Congo, parlant, selon les témoins, kirundi, mais aussi kinyarwanda et swahili ont attaqué le camp de Gatumba pendant plus de deux heures. Le Forum pour la Mémoire Vigilante condamne avec la dernière énergie ce massacre.
Le FMV regrette que les victimes de cette attaque à main armée, ainsi que leurs familles, attendent toujours, 15 ans plus tard, que justice leur soit rendue.
Cependant, au lendemain de l’attaque, le Front national de libération (FNL) mouvement rebelle d’alors contre le gouvernement du Burundi avait revendiqué cette attaque sur des radios locales et internationales, avant de se rétracter.
Plusieurs rapports et notamment de l’ONU et de Human Rights Watch indiquent que ce massacre avait été soigneusement planifié, que c’étaient bien les Banyamulenge congolais et non pas d’autres ethnies qui avaient été visés puisque les autres camps situés autour avaient été épargnés.
Une procédure pénale a été ouverte en 2013 au Burundi, mais celle-ci est restée au point mort depuis 2014.
Ce Forum demande à la Cour Pénale Internationale, CPI, de se saisir de ce dossier.
Au Rwanda, la communauté des Banyamulenge a rendu hommage aux victimes de ce massacre ce mardi à Kigali et dans plusieurs districts du pays. Dans ces ceremonies du triste anniversaire de 15 ans après ce drame, le Forum pour la Mémoire Vigilante a été représenté à Kigali et à Muhanga où d’ailleurs son délégué Mr Reverien Gahimbare a livré un message de soutien et de réconfort aux victimes ainsi que leurs familles.
A Kigali, cette communauté s’est insurgée contre “le silence couple de l’ONU, du Burundi et de la RDC”.
“Nous réclamons toujours justice. C’est la honte pour le pays qui avait accueilli ces congolais, le pays d’origine qui est le Congo et pour l’ONU qui avait en mains ces populations sous la protection du HCR. Il incombe au gouvernement de rendre justice aux survivants de l’attaque et aux familles des victimes”, a déclaré Mr Alexis Nkurunziza, un des représentants de la communauté Banyamulenge au Rwanda.
A l’Organisation des Nations Unies, à l’Union Africaine, à l’East African Community, à la Conference Internationale sur la Région des Grands Lacs et à tous les pays de la région des Grands Lacs, le FMV recommande de s’investir pour stopper l’expansion de l’idéologie génocidaire dans cette région.
Cette inquietude est d’autant plus que fondée du moment que pour se souvenir des leurs, ces congolais ont d’abord été au site mémorial du génocide commis contre les Tutsi en 1994, situé à Gisozi dans la capitale Kigali.
“C’est en fait lié. Ceux qui reposent ici sont victimes de leur ethnie Tutsie, de même que les Banyamulenge tués au Burundi en 2004. Et puis, ceux qui ont commis le génocide contre les Tutsi au Rwanda sont parmi les assaillants de Gatumba” a essayé de faire un lien pour expliquer ce geste, Mr Binama Prince, président de l’association estudiantine de cette communauté.
Le Forum pour la Mémoire Vigilante a saisi cette occasion pour demander aux Nations Unies de “reconnaitre le massacre des réfugiés Banyamulenge au Burundi comme un crime de Génocide”.
L’Ong internationale de défense de droits de l’homme Human Rights Watch, HRW, en appelle à la conscience de la communauté internationale pour lutter contre l’impunité.
“Les autorités burundaises devraient prendre les mesures nécessaires pour s’assurer que les responsables du massacre de Gatumba soient jugés de manière crédible et impartiale”, a affirmé Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch.
HRW ajoute que “l’absence de poursuites pénales pour des meurtres commis par un camp offre souvent un prétexte à ceux qui veulent commettre des meurtres pour l’autre camp, et la justice est indispensable à la prévention de nouvelles atrocités”.
Ces défenseurs de droits humains soulignent que “mettre fin à l’impunité dans cette affaire de référence aiderait les personnes affectées par cette attaque à tourner la page après des années de souffrance, et démontrerait que le concept de responsabilité est pris au sérieux au Burundi”.