A Muhanga, un des districts de la province du sud du Rwanda, chaque mercredi de et vendredi de 16heures à 18heures et dimanche de 9heures à 11heures du matin, plusieurs enfants et jeunes réfugiés burundais se font encadrer dans un sport de Karaté, style Taekwondo.
Cette initiative est de Bartèze Kazungu, un encadreur en la matière. Ce jeune universitaire de 21 ans a gravi les échelons en Karaté et a atteint le niveau de la “ceinture noire”, comme on le dit en jargon Karatéka.
“J’ai eu cette idée d’encadrement des jeunes pendant la période de chômage scolaire suite à la pandémie de Covid-19”, explique-t-il, avant d’ajouter que les parents d’enfants ont bien accueilli son initiative.
L’encadrement en soi a débuté en Septembre dernier et couvre aujourd’hui un effectif de vingt jeunes d’âge moyen compris entre 6 et 14 ans.
D’après Bartèze Kazungu, le Taekwondo est un style de sport basé sur la discipline physique, morale et sociale. “Donc en plus du sport, ces enfants sont encadrés moralement et socialement. C’est aussi une occupation, un moyen de lutte contre les méfaits de la délinquance juvénile à bas âge”, précise-t-il.
Un parent rencontré sur place qui a trois enfants bénéficiaires de cet encadrement sportif fait le même constat.
“Depuis le début de l’encadrement, mes enfants affichent un bon comportement. Je salue vivement cette initiative et je demanderait à ce que d’autres parents soutiennent ce jeune homme encadreur”, a-t-il martelé avant de suggérer que les autorités administratives locales et les représentants des réfugiés puissent travailler ensemble pour la promotion de ce sport.
Hosana Igiraneza et Enzo Watchman Niyorugira sont deux enfants, une jeune fille et un garçon de ce club de Karaté en gestation. Ils confirment que ce sport a sensiblement changé leur vie.
“Depuis que j’ai commencé le Karaté, je me sens forte, responsable et courageuse. Moi et mes deux petits frère jumeaux, sauf en cas de maladies nous ne pouvons pas rater aucune séance et nous sommes toujours ponctuels. Nous demandons à ce que cet encadrement continue”, témoigne Igiraneza.
“Tout le monde se moquait de moi à cause de ma grande taille disproportionnée à mon âge. Je me sentais trop lourd et j’avais beaucoup de complexe. Mais aujourd’hui je me sens vraiment souple et fier de moi. Je remercie beaucoup Maitre Bartèze”, indique de sa part Niyorugira, avant d’inviter les autres enfants de son âge à se joindre à eux car d’après lui ils gagnent beaucoup.
Comme défis, Bartèze Kazungu raconte qu’il n’a pas encore eu une salle appropriée pour cet encadrement.
“Les enfants font le sport dehors sous le soleil et quelques fois ils sont contraints de stopper à cause de la pluie. Aussi les enfants n’ont pas des tenues appropriées à ce sport (communément appelé Kimono)”, laisse entendre cet encadreur, appelé Maitre dans leur jargon.
Il demande à ce qu’il aurait un coup de main de la part des bienfaiteurs pour aider ces jeunes afin de travailler dans les meilleurs conditions. Comme perspectives, il compte continuer cette activité même pendant la période scolaire, dans les week-ends ou après classes.
Le Forum pour la Mémoire Vigilante, FMV, une ONG qui s’est donnée la vision de stopper l’expansion de l’idéologie du génocide dans la région des grands lacs encourage ce genre d’activités qui, selon cette ONG, rentrent dans le sens de contribuer dans les domaines socio-psychologiques des victimes des crimes qui secouent la dite région, les réfugiés étant des victimes de premier degré.
Le FMV a son siège à Muhanga et opère sur tout le territoire national.