Le 9 décembre de chaque année, c’est la Journée internationale de commémoration des victimes du crime de génocide, d’affirmation de leur dignité et de prévention de ce crime. L’événement de cette année 2022 a été consacré au rôle du sport dans la promotion de la paix et de l’inclusion.
Selon le Bureau des Nations Unies chargé de la prévention du génocide et la responsabilité de protéger, le thème permet de mettre en évidence les moyens par lesquels le sport peut aider à la prévention des atrocités criminelles. « Le sport a toujours été un mécanisme clé pour rassembler les communautés au-delà des clivages », précise l’ONU.
Au camp de Mahama (AFCM), situé plus à l’Est du Rwanda, regroupant plus de 42.000 réfugiés à majorité burundaise, le reste étant des congolais, le thème semble avoir été longtemps compris. Plusieurs jeux de sports y sont pratiqués pour unir, réconcilier et divertir aussi.
Jean Marie Hakizimana, le président de l’Association de Football dans ce camp de Mahama (AFCM), explique qu’il y a beaucoup d’équipes.
« Nous avons au moins 16 équipe dans la deuxieme division, 8 équipes pour les filles et 16 équipes pour les petits enfants. Ça me fait plaisir, le football rassemble les réfugiés venus de différentes régions avec de différents comportements. Avec le sport, nous protégeons les jeunes contre la débauche, la consommation des drogues, et d’autres méfaits de la délinquance juvénile », dit-il.
Les sportifs reçoivent une éducation qui leur permet de développer le comportement positif face à toute situation même suite au mal vècu ou encore aux crimes dont on est rescapé ou victime.
“Le sport est un medicament, c’est une nourriture d’esprit. Nous, quand on était encore jeune, on nous a appris que le sport permet de retenir toute conduite violente, on nous a appris que le sportif a l’obligation de respecter les autres, du respect de droit à la vie. C’est bien de consacrer cette journée internationale au rôle du sport dans la promotion de la paix et de l’inclusion”, fait savoir le Representant Légal du Forum pour la Mémoire Vigilante, FMV, une organisation de droit rwandais dont la mission est entre autres de lutter contre le génocide et des atrocité criminelle.
Au camp de Mahama comme dans d’autres centres urbains au Rwanda, des matchs sont souvent organisés pour permettre aux réfugiés de se détendre et oublier leur calvaire. Des prix sont aussi octroyés pour féliciter les gagnants.
A titre d’exemple à Huye, un des districts de la province du sud du Rwanda, un match de foot a été organisé pour le 20 juin dernier dans le cadre de la célébration de la journée dédié aux réfugiés.
Le match de football était organisé entre jeunes rwandais de la communauté d’accueil et des réfugiés, une façon de cimenter la cohabitation pacifique et l’intégration sociale effective entre ces deux communautés.
Le club des réfugiés a remporté le match amical et a reçu une coupe et quelques cadeaux.
Ce n’est pas que le foot, mais aussi d’autres disciplines sont pratiquées dans le monde des réfugiés au Rwanda et dans le monde entier.
A Muhanga, un des districts de la province du sud du Rwanda, plusieurs enfants et jeunes réfugiés burundais se font encadrer dans un sport de Karaté, style Taekwondo.
Cette initiative est de Bartèze Kazungu, un encadreur en la matière. Ce jeune universitaire de 21 ans a gravi les échelons en Karaté et a atteint le niveau de la “ceinture noire”, comme on le dit en jargon Karatéka.
“J’ai eu cette idée d’encadrement des jeunes pendant la période de chômage scolaire suite à la pandémie de Covid-19”, explique-t-il, avant d’ajouter que les parents d’enfants ont bien accueilli son initiative.
D’après Bartèze Kazungu, le Taekwondo est un style de sport basé sur la discipline physique, morale et sociale. “Donc en plus du sport, ces enfants sont encadrés moralement et socialement. C’est aussi une occupation, un moyen de lutte contre les méfaits de la délinquance juvénile à bas âge”, précise-t-il.
Objectif de la journée de lutte contre le génocide
A travers la célébration de la journée, le Bureau des Nations Unies chargé de la prévention du génocide et la responsabilité de protéger saisit l’occasion pour mieux faire connaître la Convention sur le génocide et son rôle dans la lutte contre le génocide et la prévention de ce crime, tel que défini dans la Convention, et de commémorer et honorer les victimes.
Qu’est ce qu’un génocide d’après l’ONU ?
La Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (1948) définit, en son article 2, le génocide comme étant l’un quelconque des actes ci-après, commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel : Meurtre de membres du groupe, Atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe, Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle, Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe, Transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe.
Prévention du génocide
Pour prévenir le génocide et les conflits genocidaires, le Bureau des Nations Unies chargé de la prévention du génocide et la responsabilité de protéger rappelle qu’il est impératif d’en comprendre les causes profondes.
Alors qu’un conflit ordinaire peut avoir des causes diverses, le conflit genocidaire a pour cause première l’identité.
“Le génocide, tout comme les atrocités qui y sont associées, risque en effet de survenir là où différents groupes nationaux, raciaux, ethniques ou religieux s’affrontent sur des questions identitaires”, relate la convention.
Le génocide est ainsi attisé par la discrimination, par les appels à la haine, ainsi que par l’incitation à la violence et à la violation des droits de l’homme.
Pour le prévenir, souligne le Bureau des Nations Unies chargé de la prévention du génocide et la responsabilité de protéger “il est impératif de dégager les éléments (discriminations) qui, dans une situation donnée, conduisent à traiter de manière profondément inégale les divers groupes de population; mais il faut aussi s’employer à atténuer ces facteurs de déclenchement et, à terme, les supprimer”.
Comme il n’existe aucun pays où la population soit parfaitement homogène, le génocide est un problème qui se pose véritablement à l’échelle mondiale, conclut la convention des Nations Unies.
Le FMV, une ONG de droit rwandais, prend appui sur ces valeurs de Mémoire, de Prévention et de lutte contre le Genocide, et de l’Éducation en général et plus particulièrement de l’Éducation à la Paix. Le Forum pour la Mémoire Vigilante se sent fort interpellé pour contribuer dans les domaines Psychologique, Social, Juridique et Médical.
Responsabilité de protéger
Au Sommet mondial de 2005, les chefs d’État et de gouvernement ont unanimement affirmé qu’il incombe à chaque État de protéger ses populations du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité. Ils se sont convenus que la communauté internationale aidera les États à s’acquitter de la responsabilité de protéger en renforçant leurs capacités avant que les crises et les conflits n’éclatent.