Les quatre sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco sont les sites de Nyamata, Murambi, Gisozi et Bisesero, a indiqué l’Unesco.

Ces quatre sites commémorent les massacres qui ont ensanglanté le Rwanda durant une centaine de jours entre avril et juillet 1994, visant l’ethnie tutsi et qui a emporté plus d’1 million de victimes, selon le Ministère de l’Unité et de l’Engagement civique, « MINUBUMWE ».

Le gouvernement du Rwanda se félicite de cette étape.

« L’inscription historique des sites commémoratifs du génocide sur le patrimoine mondial de l’Unesco accroit la visibilité internationale et honore la mémoire des victimes qu’ils représentent dans le monde entier. Cette renaissance renforce la lutte contre le déni de génocide et servira à éduquer les générations présentes et future », a indiqué le ministre de l’Unité et de l’enseignements civiques, Jean Damascène Bizimana qui a représenté le Rwanda dans un sommet décisif de l’Unesco tenu à Riyad, en Arabie Saoudite, ce mercredi.

Situé sur la colline de Gisozi à quelques kilomètres du centre de la capitale Kigali, le Mémorial du génocide, construit en 1999 et inauguré en 2004, est le principal des quelques 200 lieux de souvenir qui jalonnent le pays des mille collines.

Le site abrite notamment les restes de 250.000 personnes victimes du génocide retrouvées dans les rues, maisons, fosses communes et rivières de Kigali et ses environs.

Ce site est le plus souvent rendu visite par le Forum pour la Mémoire Vigilante, FMV. Cette ONG y accompagne aussi des visiteurs pour se recueillir et s’imprégner de l’histoire pour bien comprendre comment lutter contre ces tragédies, une source et fondement à l’éducation à la paix.

Le FMV se réjouit de cette étape.

Le génocide est défini lors de la première session de l’Assemblée générale des Nations Unies, le 11 décembre 1946 comme « un déni du droit à la vie des groupes humains », que ces « groupes raciaux, religieux, politiques et autres, aient été détruits entièrement ou en partie » (résolution 96), rappelle Ferdinand Ndayiragije, représentant légal du FMV.

« L’enregistrement des quatre sites mémoriaux qui occupent une place importante dans nos vies grâce au lien qui se trouve entre le passé et le présent, est une contribution remarquable de l’Unesco dans la lutte contre l’oubli d’un mal le plus extrême des crimes contre l’humanité et  l’expansion de l’idéologie génocidaire », insiste-t-il.

En collaboration avec d’autres ONGs partenaires comme la Coalition Internationale des Sites de Conscience et l’AEGIS-Trust qui gère le Mémorial du génocide de Kigali à Gisozi pour le compte du ministère rwandais de l’unité nationale et de l’engagement civique, le FMV tient aussi au mémorial de Gisozi, des formation sur la paix, le leadership, la communication non violente ou encore sur la réconciliation. Plus d’une centaine d’acteurs de la société civile, de journalistes, de leaders communautaires dans les milieux de réfugiés et des jeunes engagés ont déjà bénéficié de ces sessions de formations.

Dans ce musée retraçant l’histoire du Rwanda, le visiteur se retrouve notamment confronté à des vitrines exposant crânes, fragments d’os, vêtements déchirés, aux images entassées, aux portraits des victimes et aux armes – machettes, gourdins, fusils – utilisées par les génocidaires.

Les autres sites classés par l’Unesco ont été le théâtre du mal absolu le plus sanglant du génocide.

Dans l’église de Nyamata, à une quarantaine de kilomètres au sud de Kigali, 50.000 personnes qui y avaient cherché refuge ont été massacrées en une journée.

Le bâtiment a été transformé en mémorial représentatif d’autres églises dans lesquelles sont mortes les victimes du génocide, affirme l’Unesco sur son site internet.

Sur la colline de Murambi, à environ 150 kilomètres au sud-ouest de Kigali, les autorités locales et les ex-forces armées rwandaises avaient appelé en avril 1994 la population tutsi à se regrouper dans un groupe scolaire technique en construction sous prétexte de garantir leur sécurité, avant de les massacrer. Entre 45.000 et 50.000 personnes y sont mortes.

Le site de Bisesero commémore notamment la résistance menée, avec lances, machettes et bâtons, par des Tutsi face aux génocidaires qui assassinaient des centaines de personnes dans les collines de cette région de l’ouest du pays.

Les massacres de Bisesero sont l’un des épisodes les plus sensibles du génocide, et plus de 50.000 tutsi y ont été lynchés.

Pour l’unesco, « le patrimoine est l’héritage du passé dont nous profitons aujourd’hui et que nous transmettons aux générations à venir. Notre patrimoine culturel et naturel constitue une source irremplaçable de vie et d’inspiration”.

Le Forum pour la Mémoire Vigilante (FMV), une organisation de droit rwandais, qui prend appui sur les valeurs de Mémoire, Éducation et Prévention, soutient cette approche de l’Unesco.

La marche vers la reconnaissance par l’Unesco de ces sites a été déclenchée depuis 2012. Le gouvernement du Rwanda, les communautés locales, les experts nationaux et internationaux et les groupes consultatifs concernés ainsi d’autres acteurs ont collaborés étroitement à cet effet.

Les quatre mémoriaux deviennent les premiers sites de mémoire du continent africain à être inscrits sur la liste du patrimoine de l’Unesco.

 

Quelques photos du FMV sur le Mémorial du Génocide de Kigali, un des quatre sites inscrits par l’Unesco sur sa liste du patrimoine mondial.

 

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